Chill out !

Elle sortit en courant, presque à moitié nue. Remis son corsage en place. Se frotta les yeux. Pleine lune de nuit, seins en contrepoint. La marque de la fêlure dans son regard, seule parure d’automne. Marcher était la meilleure chose à faire en ces temps pourprins. Nulle doute qu’il ne fallait pas rester ici. Les dunes essoufflées réveillaient sa voix opaque. Un appel sans horizon. Le lac était calme pourtant dans l’orage. Certainement que sous ces eaux, les bleus pourfendaient les larmes. Et les nuages assassinaient doucement la nuit sans trancher les cordes. La pluie vibrait en tourment, nul doute qu’elle devait reprendre son mouvement. Et décompter les écrans de souffrance. Reprendre sa part. Verser l’eau du broc. Ne pas accepter de ne pas être entière et jouer toutes ses cartes à la fois.

Petite effrontée !

Il écrivait des mots sans syllabe. Des signes arabes sans le voile. Lazarus n’était plus descendu de son immeuble depuis des siècles. Il ne pouvait que deviner la forme des choses. Pourtant, des signaux en décalage lui parvenaient encore. Il récupérait la texture immatérielle et rugueuse des bruits à ravir. Ses feuilles avaient une patine dissolue. Las des oracles, il lui avait appris à jouer. Elle hésitait pourtant dans les rues grises de son passé. Elle le savait bien. La confrontation devenait inévitable. Oxymore de son destin. Sur l’écran de sa rue déserte, une femme stellaire se dénudait à l’intérieur du bazar bleu et clos. La main remontait sur la nuque. Un frisson amer distendait les impressions. Le lac sourd et profond. Elle rata la photo.

Loupé fabuleux !

Sur la terrasse, elle rêvait à Istan-I-nan, partance pour la désinvolture. Renoncement des fouets de la miniature. Cadeau de la désertion. Les couleurs du soir l’obsédaient, seule recette de son itinéraire. Captation continue en mode jpeg. Les lignes de la Corne d’Or s’enfilaient aussi loin que possible et s’éteignaient sans agonie.

Seule dans sa solitude, elle cherchait dans les oripeaux de l’hôtel quelque réconfort. Le jukebox répétait inlassablement la même mélodie du temps passé. Les hôtes se confondaient eux-mêmes avec les tapisseries de leur histoire. Secrètement contre les portes rebelles. Autant de tensions inutiles de la fabrication sur mesure. Artistes en habits noirs. Finalement, entre les quatre murs de sa chambre, elle s’abandonnait. Casser les périodes et brûler les parfums nostalgiques. Son nouvel appareil faisait de l’effet. Il la prenait dans le noir, tout en gardant en mémoire les traces de son vacillement. Elle l’emmènerai bientôt sur les plages d’Istan-I-nan. Et plus loin.

Dérèglement détonnant !

Il avait écrit son morceau pendant la messe. A elle de jouer ! Elle poussa le vagabond sur le toit d’un immeuble. Le jeu ne manquait pas d’attrait. Il était élégant et non dépourvu de charme. Il parlait allemand quand le whisky était rompu. Comment se rencontrer maintenant ? Elle qui marchait avec l’énergie de ses photons, la main en position. Bousculade dans la nuit d’oraison. Sa langue se perdit, ses jambes percutaient les ombres de ses peurs. Renversement des liquides sur un tapis kurde au hasard, descente indécente sans recul. Des étoiles, elle s’échappa à nouveau. Effluves pour la danse. Exténuée - il lui remit une clé musicale, elle dévala les escaliers.

Luxure !

La maison de thé n’était pas un refuge. Ce lieu incarnait tous ceux qui n’avaient pas bougés depuis tout ce temps, exactement comme dans sa mémoire. Tea House au pied de la mosquée, en haut d’une impasse. Une jeune femme un peu vulgaire provoquait la photographe. Son retour sur ces terres passées l’épuisait, des parcours sans destinée. C’était juste un passage, une plage, Chill Out pour un nouveau théâtre. Le concert était attendu. Lazarus avait programmé une audience.

Elle rentra, pris ses affaires et traversa le Bosphore.

Partir sans relire. Les pieds sur la Lune. Last train to Trancentral for ever. Le train filait vers l’Est.

Ista-I-Nan et encore ...


dimanche 11 octobre 2009