4. la nuit tombe ici dans une musique alternative, tous les hommes dorment, son corps s'éloigne peu à peu dans les rêves de pluie et de soleil au bord du fleuve silencieux, et les baisers entourent les lumières d'étoiles, elle invente des images comme des voiles obscures pour l'accompagner dans sa douce fureur

elle rêve des matins comme celui-ci

quand elle ouvre les yeux le soleil est haut alors qu'il est encore très tôt, c'est toujours une surprise, derrière la vitre au fond du bus les paysages la regardent immobiles, elle sent son corps convoquer les terres célestes et soudain des visions d'ivresse dans les temps calmes et sereins se profilent sur la pellicule

elle confond un moment son regard avec cette lumière blanche, l'inconnue du territoire kurde, elle boit la source d'azur à l'horizon, suit des yeux la trace des verts, l'étendue des prés déserts et croise les ondes transparentes et verticales, celles des arbres aux feuillages bleus qui rappellent le jour

comment aimer ces montagnes éternelles dans la traversée du matin qui ne finit plus ? l'orée de ses yeux touche un fragment d'infini