Dans mes « voyages », je suis prise par quelque chose de plus profond, un vertige qui happe tout mon corps redevenu enfant, fragile, fasciné.
Je suis sur le point de partir. Le lac que je suis frissonne. Cette eau sourde et noire tout au fond de moi qui rejaillit des temps lointains, inonde les possibles, baigne l’absurde, je regarde à la surface de l’eau. Cet appel existentiel de l’inconnu, me remplit et me précipite ici et maintenant, incontournable désir (pourquoi être exclusive ce soir ?).
J’en reviens à cet épisode du commencement, il y a donc trois ans. Au moment même de choisir la photographie, j’ai décidé de trancher, de m’engager, de ne plus attendre, de ne plus souffrir. De faire des choix et d’aller jusqu’au bout. Ce soir je me souviens du risqué. Je sais qu’au coeur de mes projets, il y a ? il y a eu et il y aura - de la peine, encore des déceptions, des angoisses mais aussi beaucoup d’intensités et de plaisirs.
La force de cette peur dans l’instant prend source dans le doute originel, ombre contrebalancée par l’évidence de ce que l’on a décidé un instant avant. Se lancer, être prête à tout perdre, tout donner, savoir que quoiqu’il se passe il est préférable de lâcher prise, aucun contrôle ne sera plus efficace, partir et oublier une partie de son histoire. Sans jamais la perdre de vue. Partir est le mot absolu de ce soir.
Il y a ce site Touarance qui m’importe aujourd’hui et demain. C’est un support de réflexion, un espace de travail où je m’y sens bien. Loin de tout site éditorial où tout serait ordonné, maîtrisé dans les contenus et le temps. Je place la lenteur et l’aléatoire au centre de mon ouvrage. Une grande partie de ma vie tourne autour de cela d’ailleurs. Entre la douceur et la défaillance, l’abîme et la brillance. Se perdre encore une fois entre l’infini et l’anonyme et dans la rage et le paroxysme. Et l’urgence...
Partir ? Se positionner, choisir la bonne carte. Exister. Oser son image.
J’ai tout un travail d’indexation. De référencement, de communication (merci pour votre aide, vos idées, etc.). Il me reste encore à ancrer ces quelques pages autour des « univers » proches, pour donner une autre dimension à ce bout d’expérience. J’aurais besoin encore d’un peu de temps ? c’est pressé - pour trouver quelques villages insolites, quelques ports accueillants. Marcher, ne pas attendre d’être prête, ni d’être parfaite, oublier la situation mondiale complètement imprévisible et viser le chaos, couper la radio ? espérer l’inespéré enfin. Ajuster encore les mots, les images, affiner toujours plus l’écoute et garder patience. Être impatiente d’accorder une danse, (...) encore quelque temps.
Aller jusqu’au bout de l’invention et de la fiction ... tant qu’il reste ces issues là pour incurver le mouvement de nos rêves, ...
En réponse à un papier sur Dépolatoire