il avait repris sa nouvelle à cause de Dylan, le film - il fallait qu’il récupère les CD
à l’époque il s’interrogeait sur l’amour et puis il y avait cette musique qu’il avait oubliée, dans ses papiers il retrouva les deux personnages qu’il avait imaginé pour son roman, ils portaient aujourd’hui de larges chapeaux et lui souriaient à l’ombre de leur désir
en écrivant, il était en train de dessiner leurs corps, un seul trait pour enlacer leurs peaux fragiles, une seule couleur pour griffer leur solitude dans toute cette folie de papiers froissés
c’était comme dans un film, sa main lui échappait et alors qu’ils se séparaient devant la mer en nage, il choisissait de confrondre leurs chairs et leurs rêves dans les rouges d’orient
l’image était belle, tandis que les paysages s’ouvraient comme des pages, ils s’aimaient enroulés dans la soie d’horizon bleu sans autre musique que celle du vent au-dehors dans la nuit
DR
Jim parlait de paysages et de forêts sombres où les hommes ont peur dans le noir
Laura imaginait des couleurs carmen pour ses lettres perdues, des ports d’attache qu’elle lui donnerait comme des couvertures pour l’hiver
il pleuvait dans cette ville toute grise, une pluie froide juste au-dessus de leurs chapeaux, et en-dessous leurs deux sourires sans maquillage se taisaient, il ne retrouvait plus les mots simples pour les faire parler, il se leva pour regarder dehors, il pleuvait
une autre image défilait dans les rayons de lumière, c’était comme une toute autre route dans la transparente de leurs lèvres meurtries au plein milieu de l’hiver
il se réveilla en sursaut, une forêt de contradictions à la radio, elle dormait loin sur un autre continent
il avait perdu les petis cailloux qu’il avait laissé sur son chemin, il essuya les larmes aux coins des yeux, il était seul face à l’écran, il reprit son crayon
elle partit et ne se retourna pas
il ne saurait jamais les sanglots, les rues désertes un dimanche matin, les bulles de secrets qui échappent au-dessus des bandes de sable
un homme sortit d’un immeuble, il portait un chapeau, il s’enfonça dans la forêt de pluies