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Evolution, P. Tokyo, Mars 2006
Evolution, M. Gugenheim, Saint-Paul de Vence, Février 2005

resistance

résistance des cris bousculaient le printemps qui s’attardait au-dessus des rues
— evolution revolution
no passion in the wild
no shame

des ailes fragiles dans ces montagnes entaillées
une musique bleue ricochait sur la mathématique, des voix au-dessus du portail appelaient une pirogue au lointain - prochain

elle fut hapée par l’homme à la sortie de l’impasse, une voiture aux vitres teintées, couleur bleue-marine, elle se rappelait ce détail

les casseurs partageaient son territoire, elle sentait l’air vile autour, ils se massaient - barrage, portes fermées / silence de la partie invisible de l’autre côté, dans l’immeuble un homme expérimentait

au retour elle marcha sur les lignes de la seine en évitant de couper celles des photographes et du satellite miniature de la BBC, un homme en clair fixait de ses yeux bleus entre les péniches RD -il écoutait les sirènes de l’autre côté - le pont doré, il était bloqué

enfer du piano bloqué dans le croisillon, vacarme du refrain, celui des saisons, du martellement de ces deux voix qui se chevauchaient, et les langues se courbaient comme les ondes sur l’eau, le bois de l’instrument figurait, le souffle jaillissait, elle s’efforçait d’écouter, de se souvenir, de ne pas louper la dernière marche, l’eau était encore froide - le xylo émettait des xocat

maintenant, aujourd’hui, demain, des slogans et/ou/sauf des désirs, comment pouvait-elle écrire ...

elle laissa un monogramme sur le cuir de la banquette arrière

better call the ships and to throw us in the dirt
better call the fisherman, they’re coming on land


Cat Power - Evolution


F., jeudi 23 mars 2006
Messages
  • Résister
    26 mars 2006, par Boro
    Son ami s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il avait été happé par le cordon de CRS. Il avait vu son blouson jaune disparaître au milieu des uniformes noirs surmontés de visages déformés par la peur et la violence. Plus tard il avait su : les coups de matraques et de pieds, la perte de connaissance et puis à nouveaux d’autres policiers que le jettent sur les pavés les coups de poings à la tête, les hurlements de la femme qui le sauvent. Il n’avait rien pu faire. La voiture bleue marine, havre de paix et de senteurs, était ailleurs. De toute façon il était peu probable qu’elle ait été d’une quelconque utilité, si peu de gens en connaissait l’existence et parmi eux presque personne ne pouvait y rentrer. Pourtant il attendait souvent à l’intérieur dans l’espoir d’y accueillir des corps perdus ou inachevés en tapotant sur le tableau de bord en loupe de noyer les gammes du blues que ses doigts gourds cherchaient à rattraper. Comme pour l’écriture il rêvait d’automatisme, mais avec la musique on ne triche pas. Toutes ces histoires étaient si complexes. Presque aussi complexes que les arômes d’un Passito di Pantelleria qui se mêlent à la fumée d’un Bolivar. Heureusement il y a aussi la simplicité du printemps qui revient dans un jardin qui prend les couleurs vertes et tendres des nouvelles pousses, rehaussées, comme dans un tableau de Sisley du rouge des fleurs du camélia qui pointent vers son ordinateur portable mais qui cette fois ne l’étoufferont pas.
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