arrêt du bus

chapeau

sans titre

elle marchait dans les rues et prenait ce qui lui tombait sous son regard, comme on attrape au vol une poussière d’étoile

un doigt qui parcourt le frisson sur la peau dans les temps empilés et des paysages acculmulés dans une collection, recollection

au Divan, rue de la Convention, elle s’y était attardée, un instant

deux hommes discutaient dans le rayon Poésie, comment les photographier, deux poètes et puis quoi ?

plutôt prendre des passages, des passants, des passants devant des vitrines, des passants devant des kiosques, des passants à l’arrêt, à l’arrêt du bus qui repart, des personnages figés dans leur expression dans les volutes des glaces, dans les publicités, la belle manière de La Favorite des établissements Drocourt qui préparait un dessert pour son roi, sur les affiches, Mitterrand et son portrait, et Deneuve en cuir noir sur Citizen K, dans les livres, des dessins, le regard de Colomba de Prosper Mérimée, la faim du loup et l’insouciance des trois petis cochons, la conscience de Noë et l’histoire de son arche,
des sculptures, les rides de ces vieux bretons fatigués gravées dans l’ébène, qui regardaient la photographe, de l’autre côté de la vitrine

la vieille Underwood abandonnée et les dictionnaires inusités

non, pas Bernard Faucon, surtout pas, et ses images saturées de sens, est-ce qu’il est rentré dans les ordres ? ou peut-être l’avait-t-on arrêté à cause de son amour obsessionnel pour les enfants ... cette expo m’avait tout de même considérablement ennervée, ce goût pour le morbide et les mannequins et les croix et les paysages

la bibliothèque de la MEP ouvrait dans l’entresol des aperçus... de travail, elle était sûre qu’elle y reviendrait ...

F., samedi 7 janvier 2006

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