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" je ne veux pas que l’on tue cette femme "
piège des longues marches dans le désert, les rencontres dangereuses où les dattes manquent
et cette femme fredonnait un chant de la terre, assise au bord du fleuve asséché, sa danse suivait le balancement de la pendule, le mal sous ses voiles vibrait lentement, elle attendait sa photo...
non elle ne savait rien d’eux...
tandis qu’au fort de Vincennes, l’officier qui consultait le mythe, n’a pas vu ses beaux yeux qui regardaient dans un dernier face à face le peloton avant de disparaître ; il paraît qu’un moine a récupéré le corps de cette femme
F., samedi 21 janvier 2006
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" je ne veux pas que l’on tue cette femme "
25 janvier 2006, par Loup
Elle affectait, je m’en souviens, d’avoir l’accent des Pays-Bas.
Elle s’était préparée comme pour danser, dans la tenue qu’elle quittait chaque soir dans sa loge, le rideau retombé, de cette même torsion des reins qu’elle avait ensuite sous mes caresses. J’allais au patron-minette applaudir ce jour-là son dernier numéro, son ultime cabriole sous les yeux noirs des lebels qu’elle regardait en face, parce qu’elle n’avait pas voulu de bandeau.
Sur sa demande, le sous-lieutenant lui présentait un sabre au clair : elle s’y mirait assez pour se peindre la bouche, et d’une main qui ne tremblait surtout pas. Son regard dans celui de l’officier, plusieurs fois elle a glissé le bâton de rouge entre ses lèvres, et le militaire s’est détourné devant l’indécence du geste. C’est d’une voix faséyante qu’il a proféré les commandements de circonstance : là-bas, juste avant que jaillisse le sang de sa tunique déchirée, la coquine dans son dos faisait de l’œil aux soldats.
Vincennes, Polygone de tir, 15 octobre 1917.
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