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à ses pieds ...
oeil rose

Refuge

trouver un creux
pour dormir


« Il poussa un profond soupir et violemment se jeta - il y avait dans ses mouvements une passion qui justifie ce mot - sur la terre, au pied du chêne. Il aima sentir sous la fuite légère de l’été, les vertèbres de la terre où il s’accotait ; car la dure racine du chêne était cela pour lui ; elle était encore, car l’image suivait l’image, le dos d’un grand cheval qu’il montait, ou le pont d’un bateau penché - elle était à vrai dire n’importe quoi de dur, car il sentait le besoin de quelque chose où amarrer son cœur indécis ; ce cœur qui battait à son côté, ce cœur qui semblait empli de tourmentes, chargé d’épices et de langueurs tous les soirs à cette époque, à chacune de ses promenades. C’était au chêne qu’il le fixait, et tandis qu’Orlando demeurait là couché, peu à peu les palpitations intérieures ou environnantes s’apaisèrent ; les petites feuilles demeurèrent suspendues ; le daim s’arrêta ; les pâles nuages d’été s’immobilisèrent ; les membres d’Orlando s’alourdirent sur le sol ; il demeurait couché dans une telle quiétude que, pas à pas, le daim s’approcha, les freux tourbillonnèrent sur sa tête, les hirondelles plongèrent et virèrent, les vols des taons vrombit, comme si toute les fertilité et l’activité amoureuses d’un soir d’été tissaient leur toile autour de son corps. »

Orlando, Virginia Woolf


F., dimanche 11 décembre 2005
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