il avait perdu ses bras dans l’escalier
il ne lui restait que ses pieds pour marcher
il pouvait toujours essayer de prendre un vélo pour voler
s’il s’élançait bien, il pourrait étirer ses cils jusqu’en Patagonie
c’était presque sûr
là-bas le ciel serait bleu, elle foulait la poussière rouge
le vent l’emportait
il pourrait découvrir le désert
dans son silence
la totalité de sa musique
enroulée par la clef
elle regardait le miroir
et tentait de voir l’image de ses yeux
sur une page, des mots, ceux qu’elle avait écrit quand elle avait 12 ans
F., vendredi 11 mai 2007
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rouler et embrasser le vent
Par extraordinaire il avait réussi à s’échapper, mais la Patagonie c’était trop loin, il n’avait pas le temps.
Il n’avait pas le temps, mais il avait compris son désir de vent et de couleur rouge.
Le vélo n’irait pas assez vite, il n’avait pas le temps. Alors il coupa la climatisation de la voiture et ouvrit grand les fenêtres pour que le vent joue sa musique à ses oreilles.
La voiture glissait sur les autoroutes.
Il ne résista pas au plaisir de faire une halte au bord de l’océan, de l’autre côté des montagnes. Anguille, foie gras, ?ufs, morue, Saint-Jacques, langoustines, bar, palourdes, cochon, poussières d’agrumes, pain perdu, vanille, raviolis de pomme, granité de miel et un Jioja blanc, cuvée Allende.
Il comptait sur la magie de Martin pour la séduire, elle, la sorcière.
Peine perdue, comme le pain.
Il lui restait l’estocade du rouge.
La voiture glissait à nouveau, sud ouest.
Fenêtre ouverte, le vent jouait toujours sa musique.
Le bleu du ciel était défiguré par les banlieues libérales, sales, misérables et poussiéreuses.
Il savait bien que ce n’est pas de cette poussière dont elle avait envie.
Il attendait le rouge, sauveur.
Sauvé, peut-être? Salamanque apparut à ses yeux, aussi superbe qu’elle, lorsque elle se dénude.
Il devait être vingt trois heures, il n’avait plus beaucoup de temps.
par Boro, dimanche 13 mai 2007
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