Faces à faces

contact et distance

la distance était encore importante entre les deux ponts, elle se sentait prisonnière

elle ne supportait même plus la musique

un désir fou de marcher toute la nuit la remplissait et pourtant elle ne se sentait pas tout à fait libre

que ne lui avait-elle dit qu’elle chérissait la liberté ?

elle n’était pas encore née, ça devait être pendant la Première Guerre mondiale qu’avait été forgée la sculpture de la France renaissance (et non la France victorieusecomme elle l’avait évoquée rapidement), celle qui tourne le dos sur le ponton du pont de Bir-Hakeim à la statue de la Liberté
le sculpteur danois Holger Wederkinch (il avait dû estropier son nom l’autre fois) en a fait cadeau à la France entre les deux guerres

elle ne saura jamais ce que fricotaient les bonshommes sur les piles
c’étaient des forgerons-riveurs, que l’on devait au talent de Gustave Michel, j’appris aussi qu’ils faisaient équipe avec un couple de nautes
il avait dû compulser fièvreusement ses livres à son retour et lui avait lancé triomphalement les noms, les dates, les détails (le binôme était reproduit quatre fois tout au long du pont dans les huit écoinçons)

j’avais remarqué ces bonshommes depuis longtemps, je leur rendais visite souvent, la nuit je me posais des questions sur ce qu’ils faisaient

« Avant qu’il s’appelle Bir-Hakeim en 1949, c’était le viaduc de Passy. Donc, La France renaissante s’est trouvée sur le viaduc de Passy de 1930 à 1949. Mais ça n’implique pas pour autant qu’il soit plus facile de renaître... », lui avait-il dit...

comment rejoindre son quartier avant l’aube sans passer devant les remparts d’où le gardien du donjon lancerait l’alarme ?

elle était décidée à ne pas perdre le Nord et à remonter le fleuve ...

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notes :

l’attraction des aimants est d’autant plus forte que la distance qui les sépare est petite

messages retrouvés comme des baisers

comment éviter les faces à faces sublimés et le tragique des romans et des films

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elle ne connaissait pas d’autres solutions que de marcher et de sentir la terre sous ses pieds,

marcher et sentir la plante de ses pieds jouir du contact avec la chaussette et le cuir de sa chaussure

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on emploie l’expression "avoir les pieds sur terre"

elle avait la tête dans le sac depuis cette histoire d’autoroute

c’est bête des fois les histoires

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il est encore trop tôt pour parler ici de Human desires de Fritz Lang (remarke de la Bête humaine de Renoir, à revoir), et puis est-ce nécessaire ?

F., dimanche 18 décembre 2005

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